Pâques
Le lundi de Pâques est un jour mobile dont la distribution obéit à certaines variables calendaires. Si c'est toujours un lundi (comme l'avait remarqué La Palice), il tombe en mars comme en avril, mais jamais avant le début du printemps.
La définition du jour de Pâques a été arrêtée en 325 par le Concile de Nicée:
Pâques est le dimanche qui suit le 14e jour de la Lune qui
atteint cet âge le 21 mars ou immédiatement après.
C'est clair
Le
calcul des jours de Pâques futurs est délicat, et il a fallu attendre le
Ⅵe siècle pour qu'une première méthode de calcul soit
proposée. En 1800 et en 1816, Gauss publie puis améliore une méthode
algorithmique de nature arithmétique.
On ne manque pas de raisons d'admirer Gauss — astronome, physicien et
mathématicien allemand. La caractérisation de la famille des lois dites
normales, dans le prolongement des travaux de de Moivre et Laplace, et
l'élaboration de la méthodes des moindres carrés, deux pierres angulaires de
la théorie des probabilités et de la statistique, figurent parmi ses
principales découvertes ou inventions. Nous y reviendrons. Contentons-nous
aujourd'hui de cette présentation apolinairienne
de la loi normale par
William Youden (1962):
normal
law of error
stands out in the
experience of man
as one of the broadest
generalizations of natural
philosophy it serves as the
guiding instrument in researches
in the physical and social sciences and
in medicine agriculture and engineering
it is an indispensable tool for the analysis and the
interpretation of data obtained by observation & experiment
Vous souvenez-vous qu'il y a trois ans, le jour de Pâques était le 1er avril? Il y avait de quoi faire entre les œufs et poules en chocolat et les poissons en papier. Cette année, c'est donc le 28 mars comme en 2005. Profitez-en, ce sera le dernier du ⅩⅪe siècle. A titre indicatif, en 2099, ce lundi sera le 13 avril. Prenons date.
Pâques est le jour de la Résurrection, qui n'apparaît jamais comme une hypothèse ni un pari, et qui est rendue étrangement visible par la peinture, en général beaucoup plus sobrement que la Crucifixion. On y retrouve parfois, outre le Christ, les soldats qui dorment au lieu de jouer aux dés.
En 1942, le jour de la Résurrection — si on peut dire — est le 6 avril. Cette année-là, Chagall peint une Crucifixion en jaune où il n'y a pas plus de soldats jouant aux dés que dans le Christ jaune de Gauguin, mais les flammes de l'incendie et l'immense rouleau vert de la Torah.
Crucifixion en jaune
(Marc Chagall, 1942, Centre Pompidou, Paris)
La même année, Renato Guttuso présente à Bergame une formidable Crucifixion qui lui vaut le second prix du concours et la célébrité. Elle s'inscrit dans un héritage cubiste où les dés ont en quelque sorte leur place naturelle; le soldat, seul, tient deux dés dans la main droite et porte la lance couronnée par une éponge dans la main gauche, la tunique rouge posée sur la croupe du cheval gris.
Crocifissione
(Renato Guttuso, 1941, Galleria Nazionale d'Arte Moderna, Rome)
Guttuso raconte qu'il doit beaucoup à la Crucifixion de Picasso et aussi, bien sûr, à son Guernica. Les personnages sont nus. Ils sont de tous les temps donc d'aujourd'hui, du monde dévasté par la guerre; Guttuso sait bien que la roue tourne.